mercredi 18 février 2015

« Pendant qu'ils sont tous occupés à leur plan d'avenir, à leurs bruyantes gesticulations sur la scène, je me tiens à l'écart sur mes hauteurs, tout seul, battant du vieux tambour de chaman »

Kenneth White, "Les limbes incandescents"



...."Une vaste étendue flottante claire et huileuse à perte de vue miroitait un rouge soleil couchant dans un ciel mouillé.  Plus aucune démarcation quand tout se confondait ciel et mer en immense patchwork de couleurs de bleu outremer, d’orange cramoisi, d’ocre et de violet. 
Il pensa qu’il était tombé sur la planète de l’amour ou la reine des cieux se contemple dans un miroir céleste. Soudain quelque chose attira son attention : A ses pieds,  il nota des masses  informes et cendrées comme des feuilles de papier froissé et jetées là. Il fit quelques pas en les écrasant et réalisa que le fond de l’eau en était tapissé à perte de vue. Alors il se pencha et interloqué, remarqua dans la transparence de l’eau, que  sur chaque feuille chiffonnée il y avait des traces noires.  
On pouvait y déchiffrer des phrases. Des lettres égarées, des kilomètres carrés de correspondance ballotée au fil des remous. Des lettres d’amour et des poèmes enflammés à tout jamais perdus pour leurs destinataires, papiers mâchés, détrempés qui racontaient encore toute la magie de la vie, des pages et des pages à l’encre délavée de messages d’amour que l’on avait cru éternels.  
Le temps, cette image mobile de l’immobile éternité. »   
Extrait: LA CITÉ D'AIRAIN  Christine Deviers Joncour

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