Extrait :"LA CITÉ D'AIRAIN". Livre audio voix de l'auteur
..... "Ce matin elle n’était pas en retard, elle
irait donc rejoindre son bureau à pied. Envie de regarder de plus près la ville
qu’elle ne remarquait même plus.
Une foule se pressait et se bousculait sur
des trottoirs étroits comme des rubans, luisants de pluie huileuse. Tout était
en camaïeux de gris argent métallique. Les immeubles ternes grimpaient si haut
que le ciel était hors de vue. Mais cela
n’avait aucune importance puisqu’il était aussi fade et délavé que les
structures et armatures de béton et d’acier, tubulures entrecroisées, immenses
tentacules comme des pieuvres qui
envahissaient la ville. Les néons fluorescents
crachaient en clignotant une lumière ardente qui brûlaient les
yeux, racoleurs et vulgaires au jaune trop vif et vert
agressif, aux stops rouges sanglants sortis de l’enfer, interdits sous peine de
poursuites et danger de mort. A même la
chaussée d’infernales fumées blanchâtres s’échappaient de trous profonds recouverts de grilles
cadenassées et les passants pressés posaient leurs masques sur leurs visages
blafards tant les émanations étaient âcres et soulevaient le cœur. Et tous
hâtaient le pas sans regarder autour d’eux en ordre de marche et disciplinés
comme les soldats en route pour la fourmilière. Elem se souvint de ce livre
illustré qu’enfant elle feuilletait
intriguée. L’histoire se passait dans une cité étrange née des ténèbres
et que le soleil boudait, elle portait le même nom : Insilico. Il y
pleuvait sans cesse et le ciel était comme ici dans sa ville à elle, toujours
éternellement anthracite. De même il n’y avait pas l’ombre d’un square, ou d’un
jardin public, d’un banc, d’un seul arbre, même pas d’un brin de mauvaise
herbe… on ne connaissait pas de printemps aux couleurs tendres, d’automnes
roussis, de chants d’oiseaux comme dans ces contes désuets pour enfants. Les
rires des bambins eux aussi se taisaient. On ne les voyait jamais, cantonnés
probablement dans des aires aménagées spécialement pour eux, plantées d’arbres en plastique, de fleurs en silicone,
d’un soleil de néon, de fleurs de crépon
et d’animaux en peluche.
Elem, trempée jusqu’aux os regrettait de
n’avoir pas pris le train souterrain quand elle pénétra l’austère hall de
marbre délavé du Ministère de la Surveillance. Elle s’empressa de présenter la
puce électronique implantée à son poignet droit au comptoir de contrôle puis
pressa le pas dans la section B du quatrième
sous-sol. Il était 7 heures 3 minutes. Trois minutes de retard......."
http://www.audible.com/pd/Fiction/La-Cite-dAirain-Audiobook/B00NXR9HU6/ref=a_search_c4_1_1_srImg?qid=1411988345&sr=1-1
https://itunes.apple.com/us/audiobook/la-cite-dairain.-in-silico/id923523270
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